7 février 2014

Volcan Tungurahua et Sinabung: on fait le point

Sinabung, Indonésie, 2460m

L'activité éruptive reste modérée au Sinabung et largement dominée par l'extrusion lente de la coulée épaisse. La progression de cette dernière est visible grâce à certains détails, en particulier les fréquents petits éboulements qui se produisent à son front, sur ses bords et sa surface. Depuis mon post du 02 février elle a peu progressé (pointillés blancs sur l'image ci-dessous). Bien que cela soit encore très peu visible sur les images, il semble que la topographie l'oblige maintenant à se scinder en deux lobes: l'un en direction du Sud-Est (pointillés rouges), l'autre vers l'Est-Nord-Est (pointillés verts). La plate-forme où se sont déposés les écoulements pyroclastiques n'est en effet pas si plate que ça: une légère crête se trouve juste au débouché de la ravine, maintenant remplie par la coulée. C'est cette crête qui obligeait notamment les écoulements pyroclastiques à dévier leur course vers le sud-est au cours du moins de janvier, avant que la coulée ne remplisse complètement la ravine.

Progression de la coulée visqueuse du volcan Sinabung, 03 au 07 février 2014
Progression de la coulée visqueuse entre les 03 et 07 février. Images: VSI/PVMBG
Les écoulements pyroclastiques sont toujours présents mais extrêmement rares: j'en ais comptabilisé 2 sur 5 jours d'assez importants, pour les images de jours seulement (on peut imaginer que le rythme est la même la nuit....). De cela on peut déduire que la masse que constitue la coulée est globalement stable.
Ceci ne veut en rien dire que des écoulements pyroclastiques volumineux ne peuvent pas se produire. La possibilité existe toujours et, vu la très faible fréquence actuelle, de ces écoulements le risque est accru: on a en effet l'impression d'une situation apaisée alors même que la masse deal coulée reste en mouvement. Tant que l'extrusion se poursuit, le risque d'écoulement pyroclastique est présent.
L'un d'entre eux s'est produit justement aujourd'hui. D'ampleur modérée c'est à priori le plus volumineux qui se soit produit depuis l'écoulement meurtrier du 01 février (en tout cas en journée: difficile de comparer avec ceux qui se sont produit la nuit...).

Une partie de la coulée s'effondre et donne un écoulement pyroclastique d'ampleur modérée. Image: VSI/PVMBG
Le PVMBG a indiqué qu'il serait bon que les personnes qui ont été évacuées de Suka Meriah, Simacem et Bekerah (1255 personnes au total), tous trois dans la zones devenue particulièrement dangereuses depuis le 30 janvier (les 16 victimes du 01 février ont été tuées à Suka Meriah) soient relogées en priorité par les mesures d'aide proposées par le gouvernement. La zone est en effet affectée pour longtemps par les dépôts de cendres, maintenant assez épais, qui ont détruit de vastes zones agricoles et des habitations. L'idée est soutenue par le BNPB, organisme indonésien en charge de la gestion des catastrophes.


La coulée visqueuse du volcan Sinabung
La coulée visqueuse du Sinabung (date précise indéterminée, mais début février) vue du nord-est. Image: Ddedi Sahputra / EFE

Mise à jour 08 février

La NASA a publié un couple d'image satellites qui permet de voir la différence avant-pendant l’éruption. On voit distinctement les dépôts d'écoulements pyroclastique, ainsi que la coulée visqueuse qui se met actuellement en place sur le versant est.

A voir absolument

Tungurahua, Equateur, 5023 m

Après le paroxysme du 01 février, plusieurs routes ont été coupées, donc celle qui relie Penipe à Baños, qui est extrêmement exposée. Les autorités ont engagé le déblaiement de cette route essentielle pour les échanges économiques car une partie de la production agricole locale est vendue à Riobamba et Ambato.
Côté éruption l'activité reste très intense. Depuis le 03 janvier le volcan alimente presque en permanence une émission de gaz et cendres qui se manifeste sous la forme d'un panache qui monte jusqu’à environ 3000m de hauteur. Cette activité constante et modérée est parfois entrecoupée de phases plus explosives qui donnent naissance à des panaches bourgeonnants. Ces phases plus actives, correspondant à l'expulsion d'un magma plus concentré en gaz, sont accompagné d'un son décrit par les volcanologues comme proche de celui d'une locomotive à vapeur (tchou-tchou, "chug-chug"dans le rapport spécial émis par l'IGEPN).

Panache de cendres du volcan Tungurahua, 06 février 2014
Panache bourgeonnant vu depuis l'observatoire en fin de journée,hier. Image: IGEPN.

Et pour celles et ceux qui ne me suivent pas (encore) sur twitter, voilà une vidéo spectaculaire que j'ai faite passer par ce média. Elle est prise depuis la route toute neuve (elle fut détruite par un écoulement pyroclastique meurtrier en août 2006 et était encore en travaux en janvier 2008) qui part de Baños, vers la gauche de l'image à Penipe vers la droite et Ambato, vers la droite.



Sources: VSI/PVMBG; Jakarta Post; Ddedi Sahputra / EFE; compte youtubede Diego Coka; IGEPN; NASA

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