7 mai 2014

Un point d'actualité sur les volcans Ubinas, Reventador, Cerro Negro de Mayasquer

Ubinas, Pérou, 5672 m

L'activité marque, depuis la seconde quinzaine d'avril, une lente décroissance attestée visuellement par la disparition presque complète de l'activité explosive et des panaches de cendres denses associés, mais aussi sur le plan sismique. L'énergie libérée quotidiennement par la sismicité liée à l'éruption garde en effet une tendance décroissance, même si, sur de très courtes périodes, un pic peu apparaitre, généralement lié à l'une des rares explosions présentées ci-dessus. Parmi tout le registre sismique, les secousses produites par la migration du magma vers la surface (secousses hybrides*) sont aussi en progressive diminution. 

Évolution des secousses hybrides, produites par les mouvements du magma en cours d'ascension. Image extraite du rapport de l'IPG-OVA.

Il est interessant de noter que le point culminant de ce type de secousses sismiques s'est produit le 05
avril, date à la suite de laquelle ils n'ont cessé de diminuer, alors que les rapports concernant l'activité observée en surface (dégazage, explosions-panaches de cendres etc.) indiquent une hausse de l'intensité éruptive à partir du 13 avril: il aurait donc fallu environ 8 jours pour que le magma, à l'origine des secousses hybrides pendant son ascension, ait atteint la surface et produise les panaches. L'un des points culminants de cette activité explosive est certainement la projection, le 19 avril, de bombes d'un diamètre max de 1,5 m, dont certaines sont retombées à 2700 m de distance du cratère. Les volcanologues ont pu aller sur place le 26 avril pour observer les impacts: certains font jusqu'à 4m de diamètre. Suite à cet événement, il n'y a plus eu d'explosion vraiment intense sur le volcan, bien que quelques panaches encore assez denses ait été émis.

Un des impacts de bombes de l'explosion du 19 avril. Image: Carlos Zanabria/El Comercio

Mais bien qu'il n'y ait plus beaucoup de fortes explosions l'édifice continue de produite un dégazage abondant qui, d'après le rapport édité par l'IPG (Institut Géophysique du Pérou) et l'OVA (Observatoire Volcanologique d'Aréquipa), est à l'origine de fortes odeurs de soufre dans les zones habitées. Ce dégazage, assez régulier, prend parfois un caractère pulsant et peut alors contenir une quantité faible à modérée en cendres: on ne parle pas alors de panache de cendres mais d'exhalaisons, qui sont nombreuses. Il se pourrait que l'explosion du 19 avril ait fait complètement disparaitre la galette de lave qui s'était formée en mars dernier et que le conduit soit maintenant suffisamment ouvert pour que le magma dégaze plus tranquillement, sans forte surpression, donc sans forte explosion.

* car la forme de leur onde résulte d'un mélange de deux sources qui fonctionnent en même temps: des fractures d'une part et les fluides qui s'injectent dans ces fractures d'autre part.

Sources: IPG-OVA; El Comercio,

Reventador, Equateur, 3562 m

L'activité éruptive se poursuit mais a diminué d'intensité pendant plusieurs jours. Les rapports de l'IGEPN la décrivent maintenant comme "modérée" et non plus comme "modérée à forte". Sur les images des webcams on peut en effet constater que:
- d'une part les explosions sont bien moins fréquentes maintenant. Cependant au moins une d'entre elles a été suffisamment forte pour faire vibrer, hier, les carreaux des fenêtres de la localité de San Rafael, à environ 8 km de distance du sommet.
- d'autre part la coulée qui a commencé à se former le 23 avril a cessé de progressé vers le 29 avril, bien qu'elle reste à haute température et donc particulièrement "brillante" dans l'infrarouge.


Activité sur le volcan Reventador entre fin avril et mai 2014
Comparaison d'images infrarouge prises les 29 avril et 05 mai: la coulée qui a fait son apparition le 24 avril n'a pas bougé depuis le 29 avril. Images: IGEPN
Cependant en regardant le sismogramme sur le site de l'IGEPN ont peut constater que depuis cette nuit (00h30 TU, soit 19h30 heure locale) la sismicité connait une nouvelle hausse importante. Le signal sismique est même de nouveau assez intense pour saturer l'appareil. Sur la webcam infrarouge (la seul qui transmette des images de nuit) les changements sont discrets mais bien présents, comme on peut le voir sur cette comparaison d'images prises entre 00h30 et 02h40 (Temps Universel).

Activité sur le volcan Reventador, 07 mai 2014
Evolution de l'activité en l'espace de 2 heures cette nuit. De gauche à droite: le sommet du cône actif est plus chaud (dépôts d'explosion?), le dégazage devient de plus en plus fort. Sur la dernière image il semble y avoir des projections en plus du dégazage. Images: IGEPN.

Source: IGEPN


Cerro Negro de Mayasquer, Frontière Colombie-Equateur, 4445m

L'activité sismique se poursuit sur cette zone volcanique. L'IGEPN a commencé à mettre en ligne des informations la concernant, comme cela a été demandé dans la résolution éditée par le SNGR ((Secretarìa National de Gestion de Riesgos) il y a quelques jours.

Les conclusions des volcanologues de l'IGEPN sont similaires à celles de leurs homologues Colombiens. Une partie des signaux sismiques a des caractéristiques proches de celles trouvées sur des signaux de type "volcano-tectonique", tandis que d'autres sont plus proches de signaux de type "Très Grande Période" (basse fréquence) qui sont généralement associés à des mouvements de magmas.  L'origine de ces secousses ne serait donc pas d'origine tectonique (simple rupture de failles)

Le rapport de l'IGEPN indique que, mise à part la sismicité anormale et une légère déformation sur le cerro Negro, les mesures systématiques de la composition chimique des eaux de source de la zone n'ont montré aucune variation détéctable depuis le début de cette crise. Les volcanologues concluent que cette crise sismique très intense peut-être le résultat d'une remontée magmatique qui met en tension des failles locales.

Essaim de séïsmes sur le volcan Cerro Negro de Mayasquer
Localisation des seimes de la crise en cours au Cerro Negro de Mayasquer. Image extraite du rapport spécial de l'IGEPN

Source: IGEPN

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