21 décembre 2014

Les infos du jour: Shiveluch, Daikoku, Popocatepetl, Gamalama

Voici venu le temps des fêtes de fin d'années et des rendez-vous familiaux. Le blog continuera d'être alimenté, comme l'an passé et l'ACTIV la décennie avant-lui, afin de vous tenir informés des événements principaux. Cela dépendra des connexions auxquelles j'aurais accès, et du temps que je pourrais libérer bien entendu (et de l'état dans lequel mon foie se trouvera aussi à dire vrai).

Mais en tout cas je tiens à vous souhaiter, à toutes et  tous, d’excellentes fêtes.

Shiveluch, Russie, 3283m

Une nouvelle activité explosive a animé le dôme actif du Shiveluch la nuit
dernière. Le panache de cendres s'est élevé, d'après le VAAC de Tokyo, à une altitude estimée à 6000 m.
Durant cette, qui semble avoir duré une vingtaine de minutes, une forte incandescence à illuminé le sommet du dôme actif. Tout d'abord sous la forme d'une lueur verticale, signe d'une activité explosive "normale"' pendant lesquelles les cendres s'élèvent simplement dans l'atmosphère, une lueur latérale a fait son apparition, côté ouest. Elle pourrait être le signe de la mise en place d'une (des) avalanche(s) de blocs ou d'un (des) écoulement(s) pyroclastique(s).
Le KVERT n'a pas changé l'alerte aviation qui reste l'orange.

Eruption du volcan Shiveluch, 21 décembre 2014
L'activité du volcan Shiveluch vue par l'une des wbcams du KVERT. Images: KVERT/Annotations:Culture Volan

Sources: VAAC de Tokyo; KVERT

Daikoku, Japon, -323 m

Voilà une info pas banale: une mission d'exploration sous-marine nommée "Submarine Ring of Fire 2014 - Ironman" a pu "observer" une éruption sous-marine sur le volcan Daikoku, dernier volcan Japonais situé à la frontière entre les île Japonaises d'Izu-Bonin et leur prolongement Etatsunien des Mariannes. Je met des guillemets à "observer"  car à plus de 40 m de profondeur il n'y a plus de lumière extérieure, et que le sommet de cet édifice se trouve à plus de 300m. L'activité éruptive est donc en réalité déduite d'un certain nombres de mesures, mais pas d'une observation à l'oeil nu.


Que dit donc l'article de la NOAA, dont les observations sont toutes fraîches puisqu'elle ne remontent qu'au 14 décembre?
Tout d'abord que le Daikoku avait déjà été visité en 2006 lors d'une précédente mission d'exploration dans les Izu-Mariannes, une zone volcaniquement et tectoniquement très active (plusieurs éruptions relevées, dont Ahyi en avril-mai 2014). Pour faire court cette activité géologique est le résultat d'une subduction: la plaque océanique pacifique (au nord-est et à l'est) plonge sous une autre portion de plaque océanique, la plaque Philippines.

Lors de cette précédente visite seule une activité hydrothermale et fumerolienne très intenses avaient été observés. L'une des découvertes les plus spectaculaires de l'époque était la présence de bassin de soufre liquide, traversé par des gaz qui créaient littéralement des vagues à leur surface. La zone a été appelée "Sulfur Cauldron" (la marmite de Soufre).



Ensuite, que l'activité volcanique est très intense sur les volcans sous-marins qui constituent cette chaîne volcanique des Izu-Bonin-Mariannes, ce à quoi ne s'attendaient visiblement pas les scientifiques embarqués à bord du Roger Revelle*. En effet, d'une mission à l'autre (les premières remontent à 2003) ils ont vu des zones hydrothermales s'éteindre, d'autres apparaître, certaines très actives (le Sulfur Cauldron en est un exemple parmi les plus spectaculaires).

Concernant le Daikoku, les mesures réalisées par le CTD** embarqué à bord ont fournis le premier des deux indices suggérant qu'une activité éruptive était en cours au moment du passage du Roger Ravelle: un "panache" sous-marin, très acide, extrêmement chargé en particules (haute turbidité) et hyper chargé en hydrogène. Les mesures du CTD ont été calquées sur un modèle 3D, afin de localiser le panache par rapport aux sommets de l'édifice (il en a deux). Voilà le résultat.
Eruption du volcan Daikoku, 14 décembre 2014
Relevés du CDT mis en image et calqué sur un modèle 3D. Image: NOAA
La ligne noire montre la trajectoire du CTD: à gauche à droite on le voit plonger puis remonter à la verticale. Entre les deux le navire se déplace et, en même temps, le CTD est remonté, puis replonge afin de faire des mesures à différentes profondeurs. La zone orange-rouge-marron montre l'anomalie décrite comme un panache sous-marin: on voit qu'il se localise au niveau du sommet du cône actif, ce qui renforce un peu plus l'idée qu'il s'agit bien d'un panache éruptif.

Le second indice indiquant qu'une activité éruptive a eu lieu est la présence, sur les relevés de bathymétrie, de deux nouveaux cratères, qui n'existaient pas en 2006. Difficile toutefois de dire si ces cratères sont le fruit de la seule éruption détectée en décembre 2014, où plutôt le résultat d'une ou plusieurs éruptions qui se seraient produites à l'abri de regards entre 2006 et 2014. Quoi qu'il en soit ces cratère sont très marqués, et très récents.

Les nouveaux cratères du volcan Daikoku

Les scientifiques expliquent qu'ils n'ont, par contre, pas eu la possibilité de faire plonger le ROV (robot sous-marin) pour aller faire des images de l'activité: mauvaise météo!

* scientifique Américain, géologue océanographe, professeur d'Al Gore, qui aida à préciser le rôle de l'activité anthropique du réchauffement climatique. Il mis en évidence le rôle d'absorbeur de CO2 que joue la couche supérieure des Océans, un effet nommé depuis "Effet Revelle".*

** ensemble d’instruments de mesures envoyés dans l'eau pour récolter diverses données en simultané (pH, turbidité, température etc).



Popocatepetl, Mexique, 5465m

L'activité éruptive du Popocatepetl depuis mon précédent post de novembre n'a pas particulièrement varié: activité explosive modeste, dégazage plus ou moins important. Il y a un mois et demi, les volcanologues mexicains indiquaient avoir observé le dôme n°53 s'édifier au fond du cratère sommital. Ce dernier a été détruit entre fin novembre et début décembre puis suivie de la naissance du dôme n°54 mais un nouveau survol effectué cette semaine leur a montré que ce dôme avait maintenant totalement disparu. Les relevés sismiques produits par le CENAPRED indiquent que le volcan connaît, depuis le 11 décembre une sismicité plus élevée que la normale. Le trémor notamment est présence plus souvent sur les enregistrements: quotidiennement, les volcanologues compte le temps durant le quel le trémor se forme, puis le cumulent en fin de journée. Ils ont ainsi pu constater que le trémor a connu deux pics, les 12 décembre (198 minutes de présence) et 18 décembre (158 minutes de présence).
En parallèle, ils mesurent le nombre quotidien d'explosions: un pic, cette fois daté du 15-16 décembre, est clairement visible.

Aussi peut-on faire l'hypothèse que cette phase, débutée le 11-12 décembre plus élevée pourrait correspondre à la phase durant laquelle le dôme a été détruit. Plus spécifiquement il pourrait avoir disparu les 15-16 décembre, jours ou les explosions ont bien plus fréquentes.

Le cratère du volcan Popocatepetl, 19 décembre 2014
Le sommet du Popocatepetl, sans le dôme observé début novembre. Image: Luis Felipe Puente/ Protection civile Mexicaine
Le volcan reste donc dans une phase éruptive tranquille, durant laquelle la masse de magma qui remplit la cheminée:
1- sort très lentement
2- construit en quelques semaines une galette de lave
3- progressivement détruite par une activité explosive de faible ampleur. On peut supposer que cette 3ème étape se produit parce que le dôme, une fois atteint une taille limite, bouche trop le conduit et bloque l'échappement des gaz, entraînant une montée en pression. Cela reste une supposition.

Le niveau d'alerte reste jaune-2.

Source: Protection Civile Mexicaine

Gamalama, Indonésie, 1715m

L'activité éruptive s'est poursuivie tout au long de la journée d'hier, mais vislbment pas de manière continue. Le BNPB, par le biais de son porte-parole, a publié une image du panache, toujours assez chargé en cendres.



Toutefois, les images satellites ne montraient, de leur côté, qu'un panache de gaz très peu chargé en cendres hier, d'où le côté probablement intermittent de cette activité.

Petit panache sur le volcan Gamalama, 20 décembre 2014
Présence d'un panache d'origine volcanique, visible uniquement en fausses couleurs. Image: MODIS/NASA

Côté conséquences, les médecins de la ville de Ternate ont constaté une recrudescence de différents maux caractéristiques suite aux chutes de cendres: problèmes oculaires, affections respiratoires parfois aigües, irritation de la peau. Plus de 45 000 masques à poussières ont été distribués et les médecins recommandent aux personnes les plus fragiles de ne pas sortir. DAns cette période de flou, durant laquelle on ne sait pas si l'activité va tranquillement s'éteindre ou au contraire s'accentuer, la zone interdite d'accès a, semble-t-il, vu son rayon passer à 2.5 km. L'aéroport est toujours fermé, et il se peut qu'il le reste jusqu'à lundi d'après les journaux locaux.

Le bilan des personnes blessées s'établit à 4, souffrant effectivement de diverses lésions, dont des fractures dûes à des chutes lors de leur fuite au moment de l'explosion. Aucun n'a été touché par des fragments. Le groupe comportait neuf personnes, des adolescents et jeunes adultes, de 14 à 18 ans. Il semblent qu'ils ont été maintenant tous retrouvés.

Sources: BNPB; MODIS/NASA; Antaranews

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