28 janvier 2015

Un point sur les éruptions des volcans Fogo, Bardarbunga et Nyamuragira


Fogo, Cap Vert, 2829 m

L'activité continue sur le nouveau cône mais reste aléatoire d'après les rapports produits par les volcanologues de l'OVCV qui vont tous les jours sur le terrain. Le dernier d'entre eux fait le point sur l'activité qui s'est déroulée entre les 20 et 23 janvier. L'OVCV décrit une activité explosive
globalement faible mais qui peut augmenter rapidement et projeter bombes et blocs à plusieurs dizaines de mètres de hauteur (et alentours).


Le dernier rapport décrit par le détail ce qui a été observé la semaine dernière. Une phase explosive a débuté en fin de matinée sur le nouveau cône. Elle a généré un panache haut d'environ 1200 m qui se disperse rapidement. L'activité reste strombolienne et est trop faible pour fragmenter la lave en cendres très fines. La majorité d'entre elles restent grossières donc lourdes, et retombent donc rapidement au sol.

Activité explosive sur le cône du volcan Fogo, 20 janvier 2015
L'imposant Pico et le nouveau cône a sa base. Tôt le matin, seule une faible activité explosive est visible. En début d'après-midi, un panache de 1200m est alimenté. Images: Rapport de l'OVCV
Cette phase s'était calmée le 21 janvier au matin mais une nouvelle débute à partir de 08h30 et s'intensifie jusqu'à former un autre panache dont la hauteur a été estimée sur place à 1500 m.  A partir de 16h00 le jour même une petite coulée de lave prend naissance à la base du cône et s'étale sur quelqus dizaines de mètres.
Coulée de lave sur le volcan Fogo, 21 janvier 2015
Petite coulée de lave le soir du 21 janvier. Image: Rapport de l'OVCV
Le lendemain matin (22 janvier), avant le levé du soleil, cette phase éruptive ne semblait pas être encore terminée... mais elle le fut à partir de 09h du matin. L'activité était redevenue faible, avec quelques explosions entrecoupant un dégazage plutôt passif.

Les volcanologues de l'OVCV on pu se rendre à Portela par la nouvelle route, réouverte dès samedi dernier.

Ce rapport illustre bien la phase dans laquelle se trouve toujours le Fogo, plutôt modeste niveau intensité, mais pourtant toujours présente et visiblement stable (dans sa globalité) depuis 2-3 semaines. Difficile dans ces conditions de savoir si cette éruption s’arrêtera dans le court-moyen ou long terme...

Source: Rapport de l'OVCV


Bardarbunga, Islande, 2000 m

Les volcanologues ont pu mener ces derniers temps une série de mesures aéroportées accompagnées d'observations visuelles. On sait depuis plusieurs semaines maintenant que presque tous les signaux produits par cette activité suivent une tendance à la baisse mais le fait le plus marquant reste probablement que l'activité dans le lac de lave a très sensiblement diminué ces derniers temps. Les volcanologues ont en effet pu constater que les brassages qui animent sa surface sont bien moins vigoureux maintenant qu'il y a 1 ou 2 semaines seulement. Ils  précisent aussi, dans un rapport complet mis en ligne le 21 janvier (jour d'un survol), que le niveau du lac était déjà à cette date le plus bas depuis sa formation.

Le lac de lave de Nornahraun, éruption du Bardarbunga, 10 et 21 janvier 2015
Evolution de l'activité du lac de lave qui remplie le spatter-rempart. Le brassage a nettemetn diminué en 11 jours. Images: Morten S.Riishuus & Ármann Höskuldsson / IES FVNH
Le volume total de lave émis a été estimé à un peu moins de 1.4 km3. Le débit moyen, calculé entre les 30 décembre et 21 janvier, a été estimé à environ 100 m3 par seconde: ça reste énorme. Les volcanologues ont aussi pu mesurer l'épaisseur du champs de lave lors aux deux dates pré-citées, et observer qu'il s'était épaissit de manière substantielle dans l'intervalle. Des différents fronts actifs sur les bords nord et est du champ de lave, les premiers sont devenus maintenant inactifs.

La sismicité reste assez importante, et surtout concentrée à proximité de la caldera, qui continue très probablement à s'affaisser, même si les signaux produits par le GPS installés sur le glacier qui la recouvre n'arrivent plus depuis une quinzaine de jours.

Bref, l'activité sur place reste très intense pour le moment mais les signaux de son affaiblissement semble se faire chaque jour plus précis.

Sources: IMO; Université d'Islande.

Nyamuragira, République Démocratique du Congo, 3058 m

Le MIROVA (Middle InfraRed Observation of Volcanic Activity) a déctecté aujourd'hui des signaux thermiques intenses en provenance du Nyiamuragira, signe que le lac de lave est toujours présent. Ce système de surveillance, qui extrait les données thermiques de l'ensemble des données fournies par les satellites MODIS (comme le MODVOLC mais avec des algorithmes différents) détecte régulièrement des signaux de faible intensité sur le volcan, à priori non pas à cause d'une activité éruptive intermittente, mais plutôt parce que la couverture nuageuse, toujours importante sur la zone, ne laisse passer les signaux thermiques que de temps à autres.
 
Signal thermique du lac de lave du volcan Nyamuragira, 28 janvier 2015
Les signaux thermiques du Nyamuragira et du Nyiragongo aujourd'hui. Image: MIROVA

Voir ce lac de lave n'est pas une mince affaire: l'observation directe est quasiment exclue du fait de la situation géopolitique et les dangers qui s'y rattachent, et il ne reste donc que l'imagerie satellitaire, comme d'habitude, pour avoir quelques données.
L'instrument OLI, embarqué sur le LANDSAT 8, a pu capturer le 08 janvier une image qui montre clairement ce lac et permet d'en estimer les dimensions: à cette date son diamètre était de l'ordre de 250 à 300 m, soit une taille équivalente au lac du Nyiragongo voisin.

Le lac de lave du volcan Nyamuragira, 08 janvier 2015
Le lac de lave du Nyamuragira, le 08 janvier. Image: LANDSAT 8 /USGS

Sources: MIROVA; LANDSAT 8/USGS

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