14 février 2015

Le point du jour sur les effusions des volcans Bardarbunga, Reventador, Piton de la Fournaise et Soputan (Mis à jour 16 février)

Bardarbunga, Islande, 2000m (mis à jour)

L'activité reste la même au nord du massif volcanique, dans la plaine d'Holuhraun. La lave continue de s'écouler, remplissant le spatter-rempart sous la forme d'un lac de lave. Ce dernier s'échappe par une brêche ouverte à l’extrémité nord et continue ainsi de s'étaler sur le coulées précédentes, agrandissant
petit à petit le champ de lave.

L'activité dans la plaine d'Holuhraun vue ce matin. Image: Protection Civile Islandaise

 Ce dernier a dépassé, d'après l'Université d'Islande, les 85 km².


Coté caldera les données du GPS, à nouveau en ligne, continuent de montrer un affaisement qui s'atténue de plus en plus. Il est même devenu assez faible, bien qu'une sismicité relativement importante se poursuive à ce niveau. Elle aussi connait, toutefois, un progressif déclin.
Au total la caldera (du moins le glacier qui l'a recouvre puisque c'est sur lui qu'est posé le GPS) a perdu environ 35 m de hauteur.

Évolution de l'affaissement de la caldera depuis le départ de l'éruption. Une jolie courbe, parfaite, qui illustre un ralentissement progressif et régulier. Image: Université d'Islande-Protection Civile Islandaise-OMI-Gardes-Côtes Islandais

Les autorités ont décidé d'adapter la zone d'interdiction au déclin de l'éruption mais inutile de se faire la moindre idée: la zone la plus intéressante reste totalement interdite d'accès sans une autorisation délivrée par la police. La carte des zones d'accès interdit sont sur cette carte. On y voit aussi les zones d'accès restreinte à cause de la pollution importante produite par les émissions de gaz par l'éruption, zone pour lesquelles les autorités conseils d'avoir un équipement de protection adapté (masques à cartouche par exemple).

Mise à jour 16 février (09h05)

De nouvelles images ont été réalisées le 12 février dernier par des volcanologues qui ont pu accéder au bord du clac de lave. Ils rapportent que le brassage de sa surface, lié à l'arrivée de gaz et de lave avec un débit toujours important, reste assez intense mais que la surface est marquée par la présence de fragments solides: une croûte est en formation. Elle vient donner un nouvel indice probant de la diminution progressive de l'activité au niveau du lac ui, encore une fois reste encore le siège d'une activité globalement très vigoureuse.


Le lac de lave enfermé entre les deux spatter-remparts. Deux zones de brassage sont bien visibles. Image: Ármann Höskuldsson

Dans une recoin du lac la surface commence a être recouverte d'une croûte pérenne. Image:Ármann Höskuldsson

Quand ont compare la situation a ce qu'elle était au 10 janvier dernier, on s'aperçoit aussi que le niveau du lac a diminué de manière assez marquée.

Lac de lave du volcan Bardarbunga, 10 janvier et 12 février 2015
Baisse du niveau du lac entre les 10 janvier et 12 février. Images: Université d'Islande.


Sources: Université d'Islande, IMO; Protection Civile Islandaise

Piton de la Fournaise, France, 2631 m (mis à jour)

L'activité effusive se poursuit et semble globalement stable, décrite aussi par l'observatoire (OVPF) au niveau de la sismicité. Au niveau du spatter-cone qui s'est construit sur la fissure, et qui a été le principal site de la partie "explosive" de cette éruption, l'activité semble être assez faible maintenant mais se poursuivait encore timidement, hier soir. Ceci dit, pour être précis: je n'ai pas vu de lueurs au niveau de ce petit cône depuis hier 15h44 TU  (19h44 heure locale).

Spatter-cone au volcan Piton de la Fournaise, 12 février 2015
Le spatter-cône en éruption photographié par un(e) volcanologue de l'observatoire le 12 février. Image: OVPF/IPGP
Les images de cette nuit révèlent par contre un dynamique intéressante de la fissure éruptive, bien que normale dans ce type d'éruption. Il s'agit des variations dans le débit de lave qui se manifestent:
- soit par l'ouverture de nouveaux évents sur la fissure, ouverture qui peut n'être par exemple que la crevaison du toit d'un tunnel sous la brusque arrivée d'un volume supplémentaire de lave. Ce fut peut-être le cas par exemple en début de nuit dernière à partir de 17h11 TU (21h11 heure locale).

Apparition d'un nouvel évent sur la fissure éruptive. Images: OVPF/IPGP
- soit par une rapide suralimentation sur un évent déjà existant. Ce fut le cas ce matin à partir de 00h16 TU (04h16 heure locale). Cette suralimentation a donné lieu à un petite coulée qui a progressé juste à côté d'une coulée précédente, toujours active.

Coulée de lave au volcan Piton de la Fournaise, 14 février 2015
Suralimentaion d'un évent déjà actif et mise en place d'une petite coulée. Images: OVPF/IPGP

Dans tous les cas ces arrivée un peu rapide de lave ne sont pas le signe que l'éruption prend de la vigueur mais des variations normales dans le débit des coulées, phénomènes constaté régulièrement à Hawaï ou sur l'Etna par exemple.

Mise à jour 16 février (09h16)

L’Observatoire (OVPF) indique ce matin que le trémor a connu une nouvelle baisse puis une disparition à 22h30 hier soir (heure locale), ce qui signe l'arrêt de l'activité éruptive. Une légère incandescence à toutefois perduré toute la nuit au niveau de qui pourrait être une ouverture dans le toit d'un tunnel de lave (skylight).
LE préfet a donc ordonné la baisse du niveau d'alerte, qui était le 2.2 pendant l'éruption (éruption en cours, confinée dans l'Enclos), au niveau "Vigilance" (absence d'éruption, mais risques possibles, accès à l'Enclos toujours restreint).

Une incandescence était encore présence au petit matin, 7 heures après la disparition du trémor. Image: OVPF/IPGP


Sources: OVPF/IPGP


Reventador, Equateur, 3562m

L'activité mixte, effusive-explosive, se poursuit au Reventador. Les explosions sont en ce moment assez modestes, peu fréquentes. Les panaches sont relativement dilués et vite dispersés par les vents.

Panache de cendres sur le Reventador, le 13 février. Image: IGEPN

Toutefois c'est la présence d'une coulée de lave, confirmée dans les bulletins de l'Institut de Géophysique (IGEPN), qui motive ce post. Elle est apparue le 11 février dernier et s'écoule lentement depuis sur le flanc sud.


Depuis qu'elle est apparue, au sommet du cône actif, elle n'a parcouru qu'environ 500m, ce qui fait une vitesse de progression moyenne de l'ordre de 125m/jour, soit 5m/heure: c'est un moyenne donc pas une vitesse réèlle, mais elle donne idée de la "vigueur" de cette coulée.

Source: IGEPN

Soputan, Indonésie, 1784 m

L'activité éruptive se poursuit sur le Soputan. Elle reste dominée par la mise en place, là-encore, d'une coulée de lave sur le versant ouest du cône. Elle est assez large mais ne semble progresser qu'assez lentement. Par contre elle irradie fortement dans l'infrarouge ce qui lui permet d'être bien repérée depuis l'espace, en tout cas lorsque la couverture nuageuse n'est pas trop dense.

Signal thermique de la coulée du Soputan, hier. Image: MODVOLC/HIGP

Cette coulée a été photographiée, à priori hier. L'image montre que son front s'est divisé en deux lobes distincts qui progressent dans deux directions légèrement différentes. L'image permet une estimation de la longueur de cette coulée, qui semble être longue d'environ 1000m (ordre de grandeur).

Les deux lobes de la coulée de lave du Soputan, le 13 février (à priori). Image: auteur inconnu, via Newzulu

Cette photo montre aussi qu'en plus de l'effusion le sommet du Soputan est le siège d'une activité explosive. On voit en effet un panache de cendres se déplacer vers la droite de l'image, masse grise légèrement floue en raison du temps de pause prolongé.

Le diagramme RSAM, qui mesure la variation de l'amplitude du trémor associé à l'éruption, et donne ainsi une vision sur les variations de l'intensité de l’éruption, montre qu'elle n'est pas constante. L'activité connait en effet des cycles durant lesquelles le trémor augmente, avant de diminuer par lasuite. Il serait interessant de savoir si ces variation sont liée au débit de la coulée de lave. En effet, début février elle avait atteint 2000m de long et des hausse de débit avaient été observés.

Variations de l'amplitude du trémor depuis décembre 2014: on voit bien la cyclicité de l'activité. Image: PVMGB; via Leopold Kennedy Adam

Sources: Newzulu, MODVOLC-HIGP, @LeopoldAdam

2 commentaires:

  1. Salut !

    Deux news rapides pour la Fournaise :
    1/. Hier, pas de visuel sur la bouche éruptive mais selon des amis qui étaient au Piton de Bert, on l'entend toujours.
    2/. L'observatoire a enregistré hier, une légère hausse du trémor

    Bonne journée,

    Ludo

    P.S : on va sur zone tout à l'heure, les passes sont enfin arrivés, je donnerais des news demain.

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  2. Salut

    Merci des news (hier soir, on a pu apercevoir quelques images correctes sur la webcam à la tomber de la nuit).

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