26 février 2015

Un point sur l'activité des volcans Popocatepetl et Colima

Popocatepetl, Mexique, 5465 m

Le volcan a commencé, dans la nuit du 24 au 25 février, une phase d'activité explosive plus intense que la normale probablement à mettre en relation avec la formation du dôme n°55*, constaté la semaine dernière. Comme pour les phases similaires qui ont déjà eu lieu ces dernières années, le dôme en question est une galette, plate, qui occupe le fond du cratère interne, ouvert dans le plancher du cratère
principale. Sa mise en place progressive, qui colmate le cratère, rend le dégazage du magma de plus en plus difficile ce qui génère des phases où l'activité explosive augmente: c'est la pression qui parvient enfin à se libérer. La galette en question n'est pas de grande taille: 150 m de diamètre environ d'après les volcanologues qui l'ont observé.

Le dôme 55 au fond du cratère du Popocatepetl. Image: CENAPRED

Depuis hier matin, l'activité sur le volcan connait donc une hausse significative, insuffisante toutefois pour que les volcanologues du CENAPRED changent le niveau d'alerte: ce dernier reste en jaune-2. Mais elle est toutefois très jolie avec de nombreuses projections sur les pentes externes du cratère principale. Certains blocs incandescents sont retombés à plus de 700m de distance de la lèvre or, quand on sait que le fond du cratère, où se situe le dôme et l'activité explosive, est à plus de 100m de profondeur sous la lèvre en question, cela implique des explosions, décrites comme stromboliennes, assez intenses malgré tout. Ces projections se poursuivent toujours à l'heure actuelle, bien visibles sur la webcam "Tlamacas" située plein nord, au col qui passe entre le Popocatepetl et l'Ixtacciuatl.

Au moins une explosion significativement plus intense est venue casser ce rythme hier. Elle a généré un panache plus important, suivi de chutes de cendres alentour, au moins jusqu'à la ville de Puebla, 45 km à l'est, où elles ont été de faible intensité. Cette explosion a été capturée par le réseau des webcams, grâce auxquelles ont constate qu'elle a été suivie d'autres explosions moins intenses au cours de la journée.





La situation est évidemment très suivie mais n'a pour le moment rien d'anormal dans l'activité que connait ce volcan depuis des années. Elle est, par exemple, très loin d'égaler en intensité celle qui a animé le volcan plusieurs semaines en 2013: le niveau d'alerte avait été élevé alors d'un cran (jaune-3) en juillet (voir l'historique ici) et les habitants proches avaient subit des chutes de cendres autrement plus abondantes qu'en ce moment.


Sources: CENAPRED; Webcamdemexio


Colima, Mexique, 3860m

L'autre volcan le plus actif du Mexique continue, comme en écho au Popocatepetl, à produire des panache de cendres.  Son activité explosive, qui revêt un caractère un peu plus vulcanien que son homologue oriental, n'est pas stable dans le temps: comme toutes les activités érupyives, elle dépend de très nombreux paramètres comme la concentration en éléments volatiles dissous dans le magma, la configuration du cratère, la viscosité etc.
De fait, d'un jour sur l'autre elle peut connaitre des moments plus intenses et d'autres plus calmes. La journée du 24 février par exemple a été marquée par une accalmie, bien que deux ou trois belle petites colonnes de cendres ait été émises en cours de journée. Sur les images il est même interessant de remarquer que le volcan produit le matin un dégazage important alors que le soir, au moment où les conditions atmosphériques sont pourtant assez propices à la condensation des gaz, c'est apparemment plus calme.
Trois possibilités peuvent expliquer ce changement: soit les conditions atmosphériques étaient peu propices à la condensation le soir du 24, soit moins de gaz étaient émis, soit les deux à la fois.
Changement apparent dans le dégazage du Colima entre le matin et le soir du 24 février. Images: Webcamdemexico
Pourquoi me focaliser sur ce dégazage? Parce qu'une baisse du dégazage pourrait expliquer que, dans la nuit suivante, et tout au long de la journée du 25, en particulier le matin, l'activité explosive ait été un plus intense que ces dernières semaines. De nuit la webcam a permis de voir plusieurs explosions dont deux ont duré plus d'une minute. Des éclairs ont même parfois eu lieu dans les panaches, ce qui est un signe d'une importante densité en cendres (aux 8ème et 33ème secondes de la vidéo ci-dessous), donc d'une fragmentation efficace, donc d'une activité explosive assez intense.

Les images ci-dessous illustrent cette activité explosive vue de jour: les panaches, sans être exceptionnellement impressionnants, n'en sont pas moins très jolis, et peut-être parmi les plus importants produits ce mois-ci.

Panaches de cendres au matin du 25 février sur le volcan Colima. Images: WebcamsdeMexico

Cet enchaînement d'événements (baisse apparente du dégazage - production d'une série d'explosions assez intenses) laisse penser qu'un mécanisme similaire à ce qu'il se passe au Popocatepetl a été à l’œuvre. Le conduit du Colima, bouché temporairement, n'a peut-être pas pu laisser s'échapper le gaz, qui expliquerait une baisse visible de l'importance du dégazage le 24 février.
Par la suite, la pression s'accumulant, une série d'explosions la libère et génère les panaches de cendres. Cette surpression étant évacuée dès la mi-journée du 25, l'activité diminue. D'ailleurs cette nuit il n'y a eu quasiment aucune explosion, et celles qui se sont produites ont été modestes.

Ce type de variation lors d'une activité explosive qui dure est tout à fait normale et observée à de nombreuses occasions (Sakurajima, Popocatepetl pour ne citer que deux volcans célèbres et en activité permanente).

Source: webcamdemexico.com

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire