31 juillet 2015

Puissante explosion sur le volcan Manam

Il n'y a  encore que peu de détails concernant l'événement mais il semble assez important pour en rédiger un post.

Les phénomènes (aléas)

Depuis les années 70 le Manam est volcan un peu toujours "sur la brèche" avec des périodes de repos pas trop profond qui alternent avec des phases d'activité souvent d'une intensité modérée. Et puis,
parfois, une activité plus importante vient animer un peu tout ça (1994, 2004, 2006 par exemple), et c'est ce qui s'est passé ce matin.
Le MIROVA a par exemple relevé une augmentation des signaux thermiques entre la seconde quinzaine de mars et et le mois de juin, suivi d'une diminution fin juin relayée par une nouvelle augmentation
courant juillet: s'agissait-il des signaux émis par une activité éruptive (le volcan est souvent le siège d'une activité strombolienne)? Peut-on les considérer comme des signaux précurseurs de l'événement d'aujourd'hui? En tout cas certains d'entre eux, très rares, ont même été assez intenses pour être repérés par le MODVOLC. Il semble donc que le volcan a été plus actif depuis mars-avril que lors des mois précédents(un important dégazage pouvait être observé sur les images MODIS ces derniers temps).

Signaux thermiques du volcan Manam, 2015

 
Cet édifice fait malheureusement partie de la longue liste de ceux dont la surveillance est limitée et souvent d'abord axée sur l'analyse des données satellites et il sera donc difficile de savoir quels ont été précisément les précurseurs de l'explosion d'aujourd'hui en terme d'activité géophysique (modification de la sismicité, déformations etc) et d'activité superficielle (dégazage, apparition d'une phase éruptive faible etc?)

Toujours est-il que le paroxysme d'aujourd'hui a débuté vers 01h40 TU (03h40 en France) et qu'il a visiblement été très puissant puisque le panache de cendres qui s'est formé s'est élevé, d'après le VAAC de Darwin, à une vingtaine de kilomètres d'altitude (environ 18 km de hauteur).

Panache de cendres du volcan Manam, 31 juillet 2015
Développement du panache de cendres du volcan Manam. Images Himawari-8, via NOAA/CIMSS
Il semble que cette explosion ait été unique et violente: on pourrait donc la caractériser comme "vulcanienne", quel que soit le mécanisme qui en a été à l'origine. Avec un panache aussi important on peut imaginer que le VEI de cette activité puisse être classée à un gros 3 voire 4, mais la valeur définitive sera fonction du volume de cendres produites et de la durée de l'activité explosive. On ne sais pas pour l'heure si seul un panache de cendres a été produit ou si il a été accompagné d'écoulements pyroclastiques comme ce fut le cas à plusieurs reprises par le passé.

Le panache de cendres du volcan Manam, 31 juillet 2015
Développement du panache de cendres du volcan Manam, en vraies couleurs. Images Himawari-8 via NOAA/CIMSS


Les conséquences

Pour le moment les journaux Papous ne disent rien de l'événement: on ne sait donc rien de l'impact potentiel qu'ont produit les chutes de cendres aussi bien sur l'île de Manam (qui avait été évacuée il y a plus de 10 ans suite à une crise et je ne sais plus si les habitants ont pu y retourner depuis) que sur l'île principale (Nouvelle-Guinée). Pour le moment il ne semble pas y avoir eu de problèmes pour l'aviation mais le niveau d'alerte pour elle a été élevé immédiatement au rouge par le VAAC de Darwin.


Mise à jour 09h15

Je viens de trouver des informations concernant les habitants de l'île de Manam: leur évacuation lors de la crise éruptive de 2004 n'a été suivie d'aucun retour, ni visiblement d'aucune aide particulière. Ils sont toujours actuellement déplacés...

Mise à jour 01 août 19h43

Merci à Nicolas qui, dans les commentaires, renvoie vers le blog d'Erik Klemetti sur lequel il est précisé qu'une partie seulement des insulaires évacués en 2004 n'est pas retourné sur l'île.

Sources : VAAC de Darwin; Himawari8, NOAA/CIMSS; MTSAT-2, MIROVA

4 commentaires:

  1. Bonjour,

    Lors de mon passage en 2012 sur ce volcan, des "réfugiés" étaient revenu vivre sur l'île dans une extrême précarité! le dispensaire étant vide car tout le monde refuse dans la communauté religieuse ou OMG de vivre sur cette île hyper dangereuse.

    Le gouvernement n'a pas vraiment aidé cette population et les terres attribuées étaient trop petites par rapport au nombre d'habitant de l'île.

    Les volcans de Papouasie sont surement les moins étudiés de la planète (en surface) et obtenir une information fiable sur place relève du miracle! internet étant quasiment introuvable en dehors de la capitale et des hôtels de luxe...

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  2. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  3. Bonjour ci-joint un article en anglais confirmant mes propos sur le fait que l'île est toujours habité

    http://www.wired.com/2015/07/manam-papua-new-guinea-unleashes-large-eruption/

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  4. Bonjour des nouvelles sur cette éruption d'après "Tahiti infos" & "radio australia"

    En Papouasie-Nouvelle-Guinée, les habitants de l'île de Manam manquent d'eau et de nourriture. L'éruption du volcan Manam a détruit tous les potagers. Les autorités craignent aussi des problèmes respiratoires : jusqu'à deux centimètres de cendre recouvrent l'île. Une équipe de secours se prépare à se rendre à Manam par avion ; un précédent vol par hélicoptère a dû être annulé pour raison de sécurité.

    Les autorités locales considèrent comme probables d’autres éruptions, à la suite de l’ouverture de nouveaux canaux d’échappement au sein du cône.

    Déjà, début juin 2012, l’observatoire volcanologique de Papouasie-Nouvelle-Guinée avait jugé utile de mettre en garde les populations de Manam à la suite des récentes observations concernant l’activité du volcan

    En juin 2009, la police de la province de Madang (Hauts-Plateaux) avait dû intervenir après que le corps d’une fillette de trois ans ait été retrouvé décapité, dans ce qui semblait être le résultat direct d’un conflit coutumier et foncier entre communautés hôtes et celles des déplacés.
    Cette querelle, entre villageois de Bogia et insulaires originaires de Manam, semblait entrer dans une nouvelle catégorie : celle des conflits d’origine environnementale.


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