30 novembre 2015

Un point sur la situation des volcans Villarrica, Sinabung, Fuego (mis à jour) et Copahue (mis à jour)

Villarrica, Chili, 2847 m

Cela fait un moment (depuis avril) que je n'ai pas fait de point concernant ce volcan et pour cause: l'activité est restée modeste ces derniers mois. Au moment du cernier post le volcan restait le siège d'une activité strombolienne assez forte qui se produisait à travers un petit lac de lave occupant le cratère. Par la suite l'activité s'est poursuivie maintenant le lac de lave plutôt stable, ce qui pouvait être constaté grâce à la lumière qu'il émet, et qui est restée visible sur la webcam installée à Pucon.
Oh cette activité, comme toutes les activités qui durent dans le temps, a connu des variations, mais a
aucun moment elles n'est redevenue très intense. Fin octobre toutefois des explosions stromboliennes pouvaient être assez fortes pour projeter des bombes à une hauteur supérieure à celles de la lèvre du cratère: il ne semble pas toutefois que ces bombes aient été projetées avec assez de force pour qu'elle retombent hors de ce dernier. A l'époque le petit lac de lave se trouvait à environ 80 m de profondeur par rapport à la lèvre.

Le petit lac de lave, intensément brassé, le 31 octobre 2015. Image Rene Rubesk, via  POVI


Depuis début novembre l'activité semble être restée plus modeste. L'incandescence au sommet est un peu plus faible. Une reconnaissance au sommet le 28 novembre n'a pas permis d'observer le lac, localisé trop au fond du cratère, qui est particulièrement évasé mais des bruits d'explosions, faibles, ont été clairement entendues. Par ailleurs la lueur sommital est toujours présente : l'éruption est donc toujours en cours, mais faible.

Une zone large de 3 km autour du cratère reste interdite d'accès, sauf autorisation expresse et le SERNAGEOMIN maintient un niveau d'alerte volcanique au jaune.

Sources: POVI; SERNAGEOMIN

Sinabung, Indonésie, 2460 m

Du magma visqueux continue de lentement sourdre du cratère sommital. Après les écoulements pyroclastiques qui ont eu lieu dans la première dizaine de novembre, une courte période plus calme s'en est suivie, jusqu'à la mise en place de nouveaux écoulement le 17 novembre, assez importants.

Écoulement pyroclastique sur le flanc sud-est, le 17 novembre. Image: Zulkarnain Ginting, via Leopold Adam
Par la suite l'activité en surface s'est à nouveau calmée, le temps que l'extrusion remette en place une masse de lave suffisamment volumineuse pour devenir instable une fois arrivée dans la pente. Le volcan se trouve actuellement dans cette phase là, marquée par le retour le 24 novembre au moins d'une activité explosive au sommet à l'origine de panaches de cendres de taille modeste mais signes de mise en pression au moins dans la partie supérieure de la cheminée.

Les images récentes montrent que la partie amont couloir qui démarre de la lèvre est et descend sur le même versant, est toujours occupé par un lobe de lave visqueuse. 

L'imposante masse grise, lisse et craquelée du lobe de lave en cours d'extrusion. Image: Tarman Azzam Al Karory

En résumé: l'activité se poursuit sur la même dynamique que lors des posts précédents. Elle constitue toujours un risque du fait qu'il est impossible de prévoir à quel moment des fragments de grande taille, générateurs des écoulements pyroclastiques, peuvent se décrocher.

Source : Leopold Adam

Copahue, Chili, 2965 m

La crise débutée il y a maintenant une dizaine de jours se poursuit avec le maintient d'un panache, alimenté tantôt par une production continue, tantôt intermittente mais avec des bouffées rapprochées dans le temps, de cendres. 
Si depuis le début de cette crise le vent a été favorable au Chili en emportant les cendres côté Argentine, la situation s'est inversée depuis avant-hier. Le panache, certes dilué, pouvait être observé depuis le volcan Antuco, situé à un peu plus de 50 km au nord. Le VAAC de Buenos Aires, en charge de la zone, n'a toutefois émis aucun bulletin concernant ces cendres: il faut dire qu'elles restent à basse altitude.
Des hautes températures sont parfois visibles, sous la forme de "lueur infrarouge" captés par la webcam, dans le cratère El Agrio. Ces lueurs ne sont ni permanentes, ni très intenses.

La lueur dans le cratère El Agrio est la manifestation de hautes températures. Image: SERNAGOMIN

Le panache de cendres reste bien alimenté. Image: SERNAGOMIN

Il n'y a pour l'heure pas de problèmes en lien avec cette activité que le SERNAGEOMIN qualifie de faible.

Mise à jour 13h56

LE SERNAGEOMIN a effectué un survol de l'édifice. Cela permet d'avoir un idée plus claire sur l'activité qui se déroule actuellement dans le cratère El Agrio. La dynamique du panache est soutenue et l'émission de cendres semble avoir commencé à produire un cône au fond du cratère (à moins qu'il n’ait existé avant).


Source: SERNAGEOMIN


Fuego, Guatemala, 3763 m

La crise débutée il y a quelques jours n'a cessé de monter progressivement puissance. Le spectacle que l'éruption offre actuellement est vraiment superbe, même s'il est tout à fait similaire dans le style aux crises précédentes: fontaines et coulées de lave.

Il y a en effet de nouveau deux fontaines de lave qui projettent chacune des blocs et bombes à plusieurs centaines de mètres de hauteur. Bombes qui, en retombant sur la partie amont de l'ensemble de versants du stratocone, l'illuminent littérallement. Les coulées quand à elles ont pris de l'ampleur et sont maintenant 3. D'ouest en est on a :
- la coulée de la ravine Santa Teresa, longue de 2000 m
- la coulée de la ravine Trinidad, longue de 2400 m
- la coulée de la ravine Las Lajas, longue de 1300 m actuellement





La dernière coulée de lave est peut-être regardée aussi un peu avec crainte. En effet c'est souvent dans ce coin que les coulées qui se mettent en place sont les plus instables et enclines à produire des écoulements pyroclastiques (voir crise du 10 novembre). 

Pour l'heure les seuls conséquences directes de cette noucelles phase paroxysmale sont des chutes de cendres assez faibles à proximité du volcan (secteur sud-ouest surtout) et des fenêtres qui tremblent, jusqu'à 12 km tout de même, au passage des ondes de choc produites par les explosions.

Une situation dont il va falloir suivre l'évolution de près.

Mise à jour 08h35

Le dernier bulletin spécial de l'INSIVUMEH fait maintenant état de 4 coulées! La nouvelle se met en place dan la ravine Ceniza et il semble que toutes fassent entre 2 et 3 km de long. C'est donc une crise que l'on peut qualifier d'intense qui se déroule actuellement sur cet édifice.

Mise à jour 20h16

Cette crise reste très intense, et génère des chutes de cendres jusqu'à Santa Lucía Cotzumalguapa (22 km au sud-ouest). Depuis peu des écoulements pyroclastiques de faible ampleur ont été signalés. Ils affectent essentiellement la ravine Honda , sur le flanc est de Stratocone, une ravine qui descend depuis l'isthme qui relie le Fuego à l'Acatenango. La photo ci-dessous pourrait montrer l'un de ces petits écoulements, qui pourrait aussi être une grosse avalanches très poussiéreuse plus qu'un véritable écoulement.

Ce qui ressemble à un petit écoulement pyroclastique dans la ravine Honda. Image: @fernanbarr
Il se pourrait aussi qu'un écoulement ait affecté , sur une courte distance, la ravine Ceniza qui descend, elle, en direction du sud-ouest, face au petit village de Panimaché. Il faudrait toutefois confirmer la nature du phénomène, visible sur l'image ci-dessous.

Ce qui ressemble à petit écoulement pyroclastique. image: INSIVUMEH/USAID/Michigan Tech
La crise reste donc intense, mais pas suffisamment actuellement pour nécessiter une évacuation. Il faudra voir si des écoulements pyroclastiques plus importants et donc plus mobiles et rapides sont généré dans les heures qui viennent.

Mise à jour 01 décembre, 07h02

L'activité a perdu en intensité mais se poursuit à un rythme plus soutenu que la normale pour le moment. Le dernier rapport spécial édité par l'INSIVUMEH fait état de 5 coulées, la nouvelle ayant commencé à progresser dans la ravine Honda dont je parlais dans la mise à jour précédente. Je n'ai pas le souvenir qu'autant de coulées se soient mises en place simultanément au cours des crises précédentes (et je ne parle pas de l'année écoulée, mais de la dernière décénnie au moins). Heureusement il n'y aura pas eu d'écoulement pyroclastique majeur même si tous les éléments de la recette étaient réunis.

Sources : INSIVUMEH, Youtube

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