12 novembre 2015

Un point sur l'activité des volcans Etna,Cotopaxi, Tungurahua, Rinjani et Sinabung

Etna, Italie, 3330 m

L'activité décrite dans le post du 03 novembre se poursuit. Toutes les nuits depuis cette date la webcam installée à Bronte a permis de voir des lueurs dans la Voragine, devenant parfois plus intenses, au moment des plus grosses explosions à priori. 


Activité dans le cratère Voragine du volcan Etna,11 novembre 2015
L'un des flash lumineux lié à l'activité strombolienne le 11 novembre. Image: Nicola Zappala
 
Dans un rapport publié le 08 novembre l'INGV indiquait que de faibles et rares manifestations avaient aussi été observées au niveau du Nouveau Cône Sud-Est (une bouffée de gaz un peu cendreuse) et au niveau du Cône Nord-Est (grondements et dégazage important). Le dégazage de ce dernier a d'ailleurs pu manifester parfois des températures assez fortes pour être bien marqué sur les images de la webcam thermique installée au Monte Cagliato, à l'ouest du massif volcanique.

Bouffée de gaz à haute température dans le panache du Cône Nord-Est, le 09 novembre. Image: INGV

Toutefois on peut noter que cette nuit l'activité dans la Voragine a été beaucoup plus modeste. Aucune lueur importante n'a été relevée sur la webcam de Bronte, seules quelques très faibles zones vaguement un peu plus claires ont semblé signifier que tout n'était pas totalement endormi.

Affaire à suivre.

Sources: INGV; Nicola Zappala

Cotopaxi, Equateur, 5911m

Depuis mon précédent post il y a pile un mois, la situation n'a guère changé. Le volcan a continué de manifester un dégazage important, parfois remplacé par des émissions modérées de cendres. A plusieurs reprises les images prises de nuit par la webcam installée à Sincholagua par l'IGEPN (au nord) ont permis de voir que les températures dans le cratère étaient assez hautes mais ça n'a pas été quelque chose de régulier, ni même de permanent. Parfois même le panache de gaz s'est trouvé tellement réduit qu'il a semblé disparaitre. Les mesures du SO2 réalisées par l'IGEPN indiquent toutefois que ça na jamais été le cas.
Quand aux cendres elles-mêmes, un rapport publié le 06 novembre par les volcanologues Equatoriens, indique qu'elles sont toujours constituées en très large majorité de roches anciennes et qu'il pourrait y avoir une fraction de magma juvénile. 

L'activité est décrite actuellement comme modérée-basse à l'intérieur de l'édifice, et faible en surface. 

Panache de cendres hier. Image: IGEPN
Source: IGEPN

Tungurahua, Equateur, 5023m

On ne se déplace que de quelques dizaines de kilomètres au sud à partir du Cotopaxi pour rejoindre le Tungurahua, qui a manifesté ces derniers jours un léger regain d'activité. L'IGEPN indique en effet qu'au soir du 09 novembre la sismicité a commencé à augmenter. Ce n'est que le 10 novembre dans l'après-midi que du trémor, signal lié aux émissions de cendres, a commencé d'être enregistré. Là-dessus des signaux sismiques liés à des explosions ont été détecté ce qui a momentanément augmenté la charge en cendres dans le panache. Les fenêtres des maisons proches ont aussi vibré, ce qui est courant au Tungurahua.



Parfois quelques blocs ont été projetés hors du cratère, impactant la partie haute du stratocône. Des chutes de cendres sans gravité ont été recensées dans plusieurs villages du versant ouest (Manzano, Choglontus, Bilbao, Cotaló etc) ce qui est, là encore, très fréquent, pour ne pas dire systématique.

Source: IGEPN; Youtube


Rinjani, Indonésie, 3726 m

L'activité mixte se poursuit sur le cône Barujari, similaire à celle décrite avant-hier. La webcam installée sur le flanc nord continue de montrer les deux panaches: l'un chargé en cendres car issue de l'activité explosive, et l'autre chargé en "vapeur" d'eau car issu du contact entre la coulée et l'eau du lac Segara Anak. Ce second panache est toutefois bien moins important aujourd'hui: la coulée ne serait-elle plus alimentée? Ou la différence observée à la webcam est-elle le résultat de conditions atmosphériques moins propices à la condensation (atmosphère plus chaude et/ou plus seche?).

Entre hier et aujourd'hui la taille du panache de "vapeur" a diminué de façon notable. Images: PVMBG


Il semble par contre que l'augmentation du niveau du lac, estimée à 50 cm, ait suffit pour commencer à provoquer un débordement par l'échancrure indiquée dans le post précédent.  Il s'agit pour l'heure plutôt d'une hausse du débit de la rivière Koko Putek mais l'agence de gestion des crises (BNPB) a tout de même recommandé aux personnes qui vivent et travail à proximité de s'en tenir éloigné et de ne plus y pêcher (la toxicité de l'eau a pu augmenter). Potentiellement, en cas de grosse crue (rupture de la paroi au niveau de l'exutoire du lac par exemple) les villages de Desa Sajang et Obel Obel pourraient se trouver menacer mais ce scénario catastrophe n'est pas le plus probable.
La hausse du niveau lac permet d'avoir un ordre de grandeur du volume de lave qui y a pénétré. Le lac fait en effet 10 km², soit 10 000 000 de m². Sa hausse, sous l'effet de l'entrée de la coulée, est de 50 cm, soit 0.5m. Cette hausse correspond donc à un volume de 0.5*10 000 000 = 5 000 000 m3. Cette valeur ne serait toutefois valable que si le lac avait une forme régulière, cylindrique, ce qui n'est pas le cas. En réalité non seulement sa forme n'est pas circulaire mais son fond est moins large que ses bords et surtout, il est irrégulier. Le volume d'eau déplacé est donc moins important. Et en effet la presse indique un volume de l'ordre de 3 millions de m3 de lave écoulée depuis le départ de la phase effusive.
Shérine France a fait parvenir hier une petite vidéo sur laquelle on aperçoit cette fameuse coulée de lave...du moins son panache de "vapeur" car l'auteur n'a pas jugé bon de se concentrer dessus malheureusement: il a été directement attiré par l'incandescence au niveau de l'évent latéral du cône Barujari, d'où démarre le panache de cendres.



Sources: PVMBG; BNPB; Shérine France; Presse Indonésienne

Sinabung, Indonésie, 2460 m

L'activité extrusive se poursuit. Elle se manifeste toujours par des éboulements de blocs incandescents qui, photographiés en pause longue sont souvent à tord décrit comme des coulées de lave sur les réseaux sociaux. C'est toujours le lobe nord-est qui est actif en ce moment et c'est donc aussi de lui que se décrochent parfois (peu fréquemment) des fragments plus volumineux qui donnent naissance à des écoulements pyroclastiques.
Ce fut le cas les 06, 08 et 11 novembre par exemple, date à laquelle l'image ci-dessous a été faite.


Écoulement pyroclastique et son panache co-pyroclastique vu depuis le nord-est (village de Jaranguda sur le volcan Sibayak). Image: Endro Lewa, via Leopold Adam
L’éruption se poursuit donc de manière plutôt tranquille, avec un débit au niveau de l'extrusion qui semble rester plutôt faible. Le risque principal, en plus de celui d'un gros décrochement du dôme et donc d'un gros écoulement pyroclastique, plus rapide et long que la moyenne actuelle, reste les lahars qui continuent de descendre les rivières qui drainent l'édifice. Ces dernières restent visiblement plus ou moins en permanence boueuses et chaque pluie un peu forte représente un danger pour les personnes qui résident à proximité de ces rivières et leurs infrastructures.

 
Source: Leopold Adam

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