13 mai 2016

Jour de brèves: Bristol Island, Alaid, Langila et Turrialba

Bristol Island, Royaume-Uni, 1100 m

Il n'y a malheureusement pas assez de détails sur les données satellites, principalement en raison des nuages qui occupent fréquemment l'atlantique sud (le volcan se trouve dans la partie sud des 50èmes hurlants, tout de même). La seule chose que l'on puisse dire c'est qu'elle se poursuit. Le MIROVA
continue de détecter des signaux thermiques forts et une nouvelle image a pu être prise par LANDSAT 8 le 10 mai. Ses capteurs ont pu détecter le rayonnement thermique à travers une couche de nuages, ce qui est une indication de leur puissance élevée.

Le rayonnement thermique capté par les satellites MODIS et analysé par le MIROVA. Image: MIROVA

Le rayonnement thermique repéré par l'instrument TIRS du satellite LANDSAT 8. Image: USGS

Sources: MIROVA; LANDSAT 8/USGS

Alaid, Russie, 2285 m

A l'opposé du globe (vraiment quasiment aux antipodes de Bristol Island) se trouve le volcan Alaid, dont l'éruption a débuté fin février. Celle-ci semble encore se poursuivre actuellement mais je crois qu'une question s'impose à la lecture des données satellites: "jusqu'à quand"? Car tout indique qu'elle s'amenuise progressivement.
Et en premier lieu les données analysées et compilées par le MIROVA, qui montrent une progressive décroissance de la puissance du rayonnement thermique émis. Une tendance à la baisse qui a débuté dès mi avril, mais semble s'être accentuée début mai.

Evolution du rayonnement thermique émis par l'éruption du volcan Alaid depuis mi avril. Image: MIROVA

Sur les images prises par LANDSAT 8 ces dernières semaines cette baisse d'activité se constate aussi, bien que sur celle prise le 03 mai on pouvait noter la présence, hors du cratère et sur le versant sud-ouest, de ce qui ressemble à une coulée de lave (difficile d'être sûr). Sur l'image prise le 10 mai celle-ci est encore présente mais le rayonnement qu'elle émet est visiblement moins important. Quand à ce qu'il se passe dans le cratère lui-même, qui semble maintenant plein de lave, les images prisent les 03 et 10 mai permet de constater qu'un peu de neige recouvre déjà la lave mise en place par cette éruption.

Succession d'images satellites prisent entre les 24 avril et 10 mai 2016. Images: LANDSAT 8- USGS

Pour le moment le KVERT maintient le niveau d'alerte aviation à l'orange

Sources: MIROVA; LANDSAT 8/USGS; KVERT

Langila, Papouasie Nouvelle-Guinée, 1330m

L'activité éruptive qui a vraisemblablement commencé début avril, se poursuit.
D'une part le MIROVA (outils indispensable) indique qu'un signal thermique relativement important est toujours émis, et ce depuis début avril, depuis la zone qui est historiquement celle où se déroulent les éruptions.

Signaux thermique relevés sur le volcan Langila. Image: MIROVA

D'autre part les images prisent par les satellites MODIS (TERRA et AQUA) permettent de constater, lorsque les conditions météo sont favorables, que des émissions de cendres peuvent toujours s'y dérouler, signe que l’activité est, au moins en partie sinon uniquement, explosive.

Panache de cendres repéré le 12 mai sur les images du satellite MODIS-TERRA. Image: MODIS/NASA

Difficile par contre de caractériser cette activité, mais l'importance du panache de cendre ci-dessus est compatible avec une activité plus soutenue ("modérée-haute").

Sources: MIROVA; MODIS/NASA

Turrialba, Costa-Rica, 3340 m

Suite à la succession d'émission de cendres qu'a produit l'édifice depuis fin avril, les spécialistes Costaricains commençaient à indiquer que l'activité, notamment sismique, du volcan connaissait un déclin. Un bulletin publié le 09 mai par le Red Nacional de Sismologia (RSN) indiquait même que la baisse de cette dernière marquait la fin de ce cycle d'activité, mais que la vigilance était maintenue. Et à juste titre puisqu'une nouvelle explosion, très belle et plutôt forte, a eu lieu en milieu de nuit, vers 01h20 du matin (heure locale) hier.
L'explosion a consisté en l'éjection de blocs et de cendres à haute température (peut-être incandescents?) jusqu'à plusieurs centaines de mètres de hauteur. A la fin de cette activité explosive une partie de la colonne éruptive s'est effondrée pour former à nouveau un petit écoulement pyroclastique circulaire, qui s'est développé dans plusieurs directions simultanément. Cet écoulement, que l'on voit se mettre en place vers la 29ème seconde du time-lapse ci-dessous, s'est propagé sur une plus grande distance vers l'intérieur du cratère, tout simplement parce qu'il a eu plus de place pour le faire.



La même explosion a été filmée par la webcam thermique du RSN: vous pouvez la consulter .

Cette activité s'est accompagnée de fortes chutes de cendres à proximité de l'édifice, mais de cendres ont été décrites jusqu'à plus de 80 km de distance, à l'ouest. Ci-dessous le chutes de cendres à Uruca, au sud de San José, la capitale du Costa Rica.


Le plus intéressant c'est que des analyses de cendres ont été réalisées par les volcanologues de l'OVSICORI-UNA, qui ont pu confirmer que la très grande majorité des cendres et blocs éjectés sont constitués de lave ancienne, altérée. Mais 5% sont bel et bien constitués de lave juvénile, ce qui confirme que l'activité reste bien causée par la présence d'une masse de magma. C'est une activité qui est ici surtout phréatique, le magma ayant un rôle trop secondaire pour qu'on puisse qualifier cette activité de phréatomagmatique. Mais le mécanisme évoqué pour expliquer les crises du Turrialba est bien l’interaction entre un corps magmatique (un dyke (filon) plutôt qu'une poche) qui fournit une importante chaleur et des infiltrations d'eau soutenues qui finissent par se vaporiser, créent une pression qui se libère lors des émissions de cendres.

Sources: OVSICORI-UNA; RSN; Presse Costaricaine

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