5 mars 2014

Volcan Ubinas: les volcanologues recommandent l'évacuation de Querapi (mise à jour)

On peut lire ce matin dans le journal Péruvien El Comercio que les volcanologues ont recommandé aux autorités de Moquegua l'évacuation du village de Querapi, le plus exposé aux aléas volcaniques. Il ne se trouve en effet qu'à 4 km du cratère, sur le versant sud du stratocône.

Les raisons qui justifient cette recommandation sont explicitées dans un rapport mis en ligne début mars par l’Institut de Géophysique Péruvien, dans lequel les volcanologues reviennent sur la crise que traverse l'édifice depuis le mois de
janvier. L'analyse des signaux produits par cette dernière, et les signes tangibles qui se sont manifestés début février sous la forme d'explosions phréatiques faibles, les incitent en effet à penser qu'une masse de magma pourrait être non loin de la surface (cela reste seulement une possibilité actuellement).

Tout d'abord une légère déformation a été détectée sur le versant sud début février, déformation qui a tendance a disparaître d'après les mesures effectuées fin février. Sa présence, même temporaire, signifie toutefois qu'il y a eu une pressurisation: celle-ci pourrait avoir été au moins partiellement évacuée par l'activité explosive des 14-15 février
La sismicité ensuite (et peut-être surtout) a vu apparaitre, dans les diverses vibrations de la partition volcanique, les secousses dites "hybrides" le 16 février et jusqu'à la date d'émission du rapport (le 26 février). Ce type de secousses est caractéristique de la migration de fluides sous pression qui fracturent la roche et s'y infiltrent de force. Des phases de trémor harmonique ont même été enregistrées.

Enfin une hausse de la température du fond du cratère a été repérée (y compris par le MODVOLC, le 26 février 2014): pour les volcanologues elle est le signe de la hausse des températures des fumerolles ou/et de la présence d'un corps magmatique de petite taille non loin de la surface. La question n'est à ce jour pas tranchée mais les mesures de la composition des gaz révèlent une plus grande concentration en gaz magmatiques (notamment le SO2 dont le taux quotidien varie de 300 à 1500 tonnes/jour, contre 150 en septembre 2013)

Anomalie thermique repérée le 26 février par le MODVOLC. Image: MODVOLC

Les volcanologues précisent dans ce rapport que pour l'instant l'activité globale de l'édifice, même au plus fort de la crise (février) est resté à un niveau assez faible. Il n'en reste pas moins que la possibilité qu'une masse de magma, même de faible ampleur, soit (ou ait été) en ascension les incitent à demander aux autorités l'évacuation de la bourgade de Querapi, par mesure de précaution. On ne sais pas encore quelle seront les décision réellement prises suite à ces recommandations mais le journal El Comercio indique qu'une zone a été préparée à Sacoya (12 km de l'édifice) pour accueillir la quinzaine de familles que compte le village en cas d'urgence.

Mise à jour 07 mars (07h00)

La présence de magma proche de la surface était une hypothèse possible au vu de la sismicité enregistrée par l 'Institut de Géophysique du Pérou, en particulier la présence de signaux dit "hybrides". Depuis une mission de reconnaissance effectuée en fin de semaine dernière, c'est devenu une réalité: l'équipe sur place à pu observer la présence d'une petite masse de lave au fond du cratère sommital, ouvert en 2006.
Cette dernière mesure environ 30x40 m mais il n'est pas dit si elle semble toujours en croissance ou si elle s'est formée au cour de mois de février puis s'est arrêtée de grandir.

Masse de lave au fond du cratère du volcan Ubinas, mars 2014
La nouvelle masse de lave repérée au fond du cratère de l'Ubinas. Image : Institut de Géophysique du Pérou (IGP)

Le chef de mission, le docteur Macedo, indique que ce type de masse de lave avait été observé aussi lors de la crise éruptive de 2006.

Sources: IGP; El Comercio, Merci/Gracias à @aficientifico

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