4 juillet 2016

Le retour au calme n'est pas total sur le volcan Alaid

Depuis le mois de mai l'activité n'a pas été très intense sur ce volcan, dont les premiers signes d'une éruption avaient été détectés en octobre 2015 jusqu’en janvier 2016, puis avaient fait leur réapparition dès la mi-février. Et pour l'heure aucun communiqué officiel n'est venu déclarer l'éruption terminée: on peut donc partir du principe qu'elle se poursuit.


Depuis le mois de mai, donc, les signaux détectés depuis l’espace se révèlent toujours plutôt faibles...mais toujours présents. Il s'agit pour tout dire du rayonnement thermique, qui reste relativement fort et pose la question de sa source.

Concernant cette dernière on peut, pour trouver au moins en partie leur présence régulière, fonctionner par analogie  avec des situations qui présentent des similitudes, par exemple. Je pense notamment aux éruptions des volcans Wolf (mai à juillet 2015) et Raung (juin à août 2015) qui, avec Alaid, ont un point commun: pour chacune de ces éruptions récentes, le cratère s'est trouvé remplit de lave*.

Si l'on regarde l'évolution du rayonnement thermique dans le temps on se rend compte qu'après la fin des éruptions de Wolf et Raung, le MIROVA continue de détecter un rayonnement thermique non négligeable, même s'il évolue progressivement vers la baisse. Il s'agit ici de résultat de la très faible conductivité thermique de la plupart des roches, notamment des laves. Accumulée sur plusieurs mètres ou dizaines de mètres d'épaisseur, la masse de lave peut ainsi rayonner sa chaleur très longtemps, avec une puissance (en Watt) suffisante pour être détectée depuis l’espace.

Évolution de la puissance des signaux thermique sur le volcan Raung après la fin de l'éruption de 2015. Image: MIROVA

Évolution de la puissance des signaux thermique sur le volcan Wolf après la fin de l'éruption de 2015. Image: MIROVA

Or si l'on regarde l'évolution des signaux thermiques sur Alaid depuis le mois de mai on constate une évolution similaire. Avec, toutefois, un léger pic début juin qui pourrait laisser entendre une reprise ou un regain d'activité éruptive, mais il est difficile d'être sûr car, par ailleurs, aucun autre signal n'est venu renforcer cette idée. La possibilité que le rayonnement capté par le MIROVA depuis le mois de mai soit celui émis par la seule masse de lave qui a remplit le cratère est donc plausible. Malgré tout il n'est pas impossible que ces signaux soient le fait d'une faible activité éruptive.

Évolution de la puissance des signaux thermiques sur le volcan Alaid après la forte baisse de l'activité éruptive, en mai 2016. Image: MIROVA

Mais ce qui justifie pleinement le titre du post c'est plutôt l'émission de cendres, modeste, qui a eu lieu hier et a été détectée par le satellite Himawari 8. Les cendres ont été emportées au-dessus des eaux de la mer d'Okhotsk, en direction du sud-ouest et le VAAC de Tokyo semble les avoir repéré durant quelques heures après l'événement.

Les cendres émises par le volcan Alaid, le 03 juillet. Images: Himawari 8-NOAA-CIMSS

C'est à peu près à ce moment-là d'ailleurs, si vous regardez bien le graphique du MIROVA un peu plus haut, qu'un pic thermique très important  et très court a été repéré.
Deux possibilités principales s'offrent pour expliquer l'événement d'hier:
1- l'activité éruptive a gagné en vigueur, pour une courte durée car à l'heure actuelle le pic thermique semble passé et le VAAC ne détecte plus les cendres, qui ne sont par ailleurs plus visibles sur les images d'Himawari 8.
2- un événement accidentel s'est produit au sommet du volcan. Il aurait momentanément exposé la lave encore à haute température (pic thermique) et généré un peu de cendres. Un phénomène de type effondrement pourrait faire l'affaire.

Impossible de trancher pour l'heure entre ces deux types d'explications: il faudra continuer à suivre les données satellite. Quoi qu'il en soit le maintient du niveau d'alerte aviation à l'orange par le KVERT semble trouver toute sa légitimité.

Sources: MIROVA KVERT; Himawari 8, NOAA-CIMSS; VAAC de Tokyo;

* ce qui n'était qu'une hypothèse pour Alaid s'est trouvé confirmée par les volcanologues du KVERT fin avril: le cratère principal est rempli de lave et, en prime, un cône large de 250 m de diamètre à la base et ouvert d'un cratère de 70 m s'est formé.

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