26 août 2016

Activité plus intense sur le volcan Sinabung

Depuis avant-hier déjà l'activité semble être montée d'un cran par rapport au semaines précédentes. Ces dernières étaient essentiellement marquée par une croissance très lente du dôme de lave, dont des morceau se détachaient parfois, formant alors des avalanches de blocs. La quasi absence d'écoulements pyroclastiques était l'une des marque de cette phase tranquille d'extrusion.

Les phénomènes (aléas)

La situation a un donc évolué depuis le 24 août, moment où la sismicité à commencé à montrer une évolution importante, avec une augmentation conséquente du nombre de secousses dites "hybrides", c'est-à-dire résultant à la fois de la fracturation de roches sous l'effet d'une contrainte (une pression par exemple) et à l'injection de fluides dans ces fractures. Le résultat de cette migration de fluides, dont le magma lui-même fait partie, a accompagné une hausse du débit de lave qui alimente le dôme. En conséquences:
- celui-ci a grossit, avec un volume qui dépasse maintenant 2.6 millions de m3 (1.8 millions de m3 début juillet), et en conséquence...
-... celui-ci s'effondre plus fréquemment et, par ailleurs, les morceaux qui se détachent sont bien plus volumineux. Du coup, les avalanches sont plus nombreuses, et certains effondrements donnent même des écoulements pyroclastiques parfois importants actuellement.

J'avais contacté le BNPB (organisme de Gestion des Risques) et le PVMBG (volcanologues) le 24 août pour avoir quelques précisions sur une image prise par la webcam, sur laquelle on pouvait voir sur le bas versant est-nord-est un incendie. Je n'ai pas eu de réponses malheureusement, mais je suis resté sur l'idée selon laquelle un bâtiment, peut-être situé à Kuta Tenga ou Gember (où il y avait eu des victimes en mai dernier...), a été touché par un écoulement pyroclastique assez important cette nuit-là.

Une lueur qui pourrait être un incendie déclenché par un écoulement pyroclastique, dans la nuit du 24 août. A gauche le dépôt à très haute température ou une avalanche de blocs (lueur blanche). image: PVMBG

Depuis cette date les écoulements pyroclastiques, parfois très volumineux, sont redevenus plus fréquents, une situation équivalente à celle qui régnait sur la zone il y a plusieurs mois déjà. Le 25 août en particulier les volcanologues du PVMBG ont enregistré (la météo est très mauvaise) les signaux liés à des écoulements pyroclastique quasiment en continue pendant presque une heure! Une phase d'effondrement très intense, qui signe un regain d'activité important. Aujourd'hui encore des écoulements très volumineux ont été observés: certains ont presque atteint la base du volcan, atteignant donc une distance d'environ 3000m (l'un d'entre eux a parcouru 3500 m le 24 août)


Gros écoulement pyroclastique aujourd'hui sur le versant est. Image: PVMBG
Tous ces écoulements sont le résultat effondrement du dôme, et n'ont donc pas la même origine que les écoulements observés au Santiaguito qui, eux, sont le résultats d’effondrements de panaches de cendres sous leur poids. Le versant le plus affecté semble être le versant est, sur lequel le dôme a commencé à déborder pour former un lobe (courte coulée. C'est ce lobe qui est instable et produit les écoulements pyroclastiques.
Toutefois cela n'empêche pas le dôme d'être le siège d'une activité explosive aussi, mis en pression par les gaz au départ dissout dans le magma. Cette image d'Endro Lewa, qui semble avoir été prise aujourd'hui est parlante: un panache (explosion) et un écoulement pyroclastique (effondrement du dôme).





L'évolution de cette activité pourrait s'expliquer par l'arrivée d'un magma plus riche en gaz. Si tel est le cas la phase plus active durera jusqu'à ce que cette masse de magma neuf ait perdu suffisamment de gaz pour que les phénomènes de surface se calment et que le dôme grandisse moins rapidement. Difficile de dire combien de temps va durer cette phase en tout cas...

Les conséquences

La première d'entre elles est le rappel presque incessant de l'interdiction, pour quiconque, d’entrer dans la zone à très haut risque, qui s'étend jusqu’à 7 km de distance du sommet sur le versant sud-est (3 km pour le versant ouest, 4 km pour le nord). Il est aussi rappelé qu'il ne faut pas rester à proximité des rivières, en raison du risque de lahar (coulée de boue volcanique), accru actuellement puisque le mauvais temps a régné sur la zone ces derniers jours.

L'autre conséquence, ce sont d'importantes chutes de cendres qui ont eu lieu aux alentours de l'édifice. Elles ont été importantes à Berastagi, situé à environ 12 km au nord-est.


Un point moins de 10 000 habitants (plus de 2500 familles) sont encore logés dans des abris après leur évacuation des villages situés dans les zones à risques.

Sources: PVMBG; BNPB, Endro Lewa

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