9 février 2017

Un point sur l'activité des volcans Etna, Nevado del Ruiz et Piton de la Fournaise

Etna, Italie, 3330 m

Après plusieurs jours d'une belle activité strombolienne au niveau du col qui sépare Ancien et Nouveau Cônes Sud-Est, avec des explosions fréquentes et modérées, le calme est revenu..mais pas complètement.


L'activité strombolienne au soir du 05 février: le dernier soir où elle a pu être observée. Images: Radiostudio 7

Depuis la fin de cette activité strombolienne (à un moment qu'il n'est pas facile de préciser puisque les nuages ont occupé le massif), la zone du col n'as plus été le siège que d'un dégazage toujours important, entrecoupé de brèves et faibles émissions de cendres, que des randonneurs peuvent observer à loisir.

Émission de cendres depuis le col du Sud-Est. Image: Radiostudio 7

Pendant toute la phase strombolienne, tout comme maintenant, le trémor n'a pas montré de variation significative.
La situation reste à suivre.

Sources: Radiostudio 7; INGV

Nevado del Ruiz, Colombie, 5321 m

La situation sur ce stratovolcan n'a pas fondamentalement changé depuis mon (très lointain) post précédent le concernant. La partie supérieure du système d'alimentation, par lequel transitent les fluides de toutes sortes , reste sous pression et craque. Dit autrement: une sismicité superficielle continue d'être enregistrée par les volcanologues Colombiens du SGC. Les secousses en question restent principalement localisées sous un secteur qui part du cratère actif (appelé "Arenas") et descend sous les versants nord et sud-ouest de l'édifice, soit une situation tout à fait similaire à ce qu'elle était déjà en 2013. La profondeur à laquelle ces secousses se produisent varie entre quelques centaines de mètres et  un peu plus de 7 km.
Lorsque ces fluides parviennent à s'échapper à la surface, au fond du cratère Arenas, il forment un panache de gaz permanent et assez abondant. Relativement souvent (une à quelques fois par jour) ils sortent de manière plus brusque, générant alors une petite activité explosive, que l'on repère par l'émission de cendres volcaniques.

Panache de cendres produit par une petite explosion au fond du cratère Arenas, le 08 février au matin. Image: SGC

La température à laquelle ces fluides s'échappent reste élevée, ce que confirment deux types de sources:
- la webcam installée sur le haut versant nord-est, au Cerro Azufrado, qui montre toujours, la nuit, une lueur infrarouge, bien visible.

Lueur infrarouge visible sur les images de nuit: la température des gaz qui s'échappent reste importante. Image: SGC

- les données satellites bien sûr qui détectent ces signaux infrarouges, lorsqu'ils parviennent dans l'espace (le volcan est souvent dans les nuages). Ci-dessus, une image composée à partir des signaux infrarouges, détectés le 01 février dernier.

Signal infrarouge assez intense au fond du cratère Arenas. Image: données: LANDSAT 8-NASA/USGS; composition-annotations: Culture Volcan

Restent quelques questions, auxquelles je n'ai pas trouvé de réponses pour le moment:

- de quoi sont composées les cendres? S'agit-il de lave juvénile pulvérisées , d'un mélange entre lave juvénile et laves anciennes, ou de laves anciennes pulvérisées uniquement? Est-ce que leur composition a changé au cours des dernières années ou non?

- qu'y a -t-il au fond du cratère Arenas? Comme personne de grimpe là-haut, il n'est pas évident de se représenter ce qu'il s'y passe. Au cours de ces années, une masse de lave a-t-elle pu progressivement se mettre en place, générant les signaux thermiques détectés, qui sont devenus plus fréquents depuis la mi-décembre d'après le MIROVA. Ou ces même signaux ne sont-ils produit que par les gaz à haute température qui s'échappent?

En tout cas ce système volcanique reste instable et sous surveillance rapprochée par le SGC, qui maintient un niveau d'alerte volcanique au jaune.

Sources: SGC; LANDSAT 8 - NASA/USGS; MIROVA

Piton de la Fournaise, France, 2632 m

L'activité se poursuit sans grands changements à priori, même si il n'a pas été facile de l'observer en raison du passage de la tempête tropicale Carlos ces derniers jours. Maintenant que le ciel se dégage, on voit à nouveau le cône en construction, et les coulées de lave qui lui sont associées.

La tempête Carlos n'a pas pu éteindre l'éruption! :) Image: OVPF/IPGP


Les volcanologues ont pu faire une cartographie du champ de lave en date du 07 février, grâce aux données radars produites par le réseau de satellites COSMO-SkyMed,l'avantage des ondes radars étant qu'elles ne sont pas stoppées par les nuages. ls ont ainsi pu constater que le front le plus avancé ne se trouvait alors qu'à 2800m du cône actif, dans les Grandes Pentes.

Limite du nouveau champ de lave au 07 février. Image: OVPF/IPGP

On voit nettement sur cette cartogrphie le rôle de la topographie sur la forme du champ de lave: 
-large où la pente est faible et où la lave peut s'étler
- très étroit en aval, à partir du moment où la pente devient forte ("grandes pentes", justement).

Le suivi du trémor indique une activité qui reste stable.

Source: OVPF/IPGP

1 commentaire:

  1. Bonjour !
    Merci bien évidement pour toutes les infos que vous postez régulièrement.
    Je vous fais passer un lien vers une webcam sur l'Etna de belle définition et avec le son en plus. De quoi suivre en direct un éventuel coup de colère de mama Etna.
    Bonne journée à vous.
    https://www.skylinewebcams.com/fr/webcam/italia/sicilia/catania/vulcano-etna-sud.html

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