9 mai 2017

L'activité du volcan Aira-Sakurajima en hausse, celle du Nyamulagira en baisse

Aira-Sakurajima, Japon, 1117 m

Depuis la seconde moitié du mois d'avril il est clair que l'activité reprend de la vigueur sur le stratocône du Sakurajima, qui trône au milieu de caldera d'Aira.
Le post précédent, publié le 26 avril, décrivait la survenue d'explosions relativement fortes: il s'agissait du début d'un cycle qui se poursuit toujours en ce moment.

En effet le lendemain 27 avril voyait se poursuivre cette activité explosive et les 28 avril et 02 mai, elle atteignait un pic avec des explosions suffisamment intenses pour produire des panaches de cendres, denses et imposants, dont certains ont atteint les 4000m de hauteur. Le 02 mai une partie de ces cendres retombait sur Kagoshima, qui s'est alors réveillée un peu empoussiérée.



Depuis l'activité explosive n'a pas cessé, et si elle produit encore de temps à autres des explosions modérées, elle se manifeste pour l'essentiel du temps sous la forme de bouffées de cendres fréquentes. Deux faits nouveaux sont apparus ces derniers jours:

1- l'activité explosive s'est parfois manifestées simultanément dans les deux cratères Minamidake et Showa, alors que d'habitude c'est soit l'un soit l'autre (majoritairement Showa depuis 2006). Cela s'est notamment produit le 05 mai avec un activité explosive relativement forte dans le Minamidake, qui a d'ailleurs formé à cette occasion un petit écoulement pyroclastique, mais aussi à plusieurs reprises le 08 mai lorsque plusieurs bouffées de cendres se sont échappées du Minamidake alors qu'une émission continue de cendres sortait du Showa. Cela pourrait être le signe de quelques changements dans l'organisation des conduits éruptifs, et le résultat de leur mise sous contraintes (sous pression).

Le 05 mai dernier, chose rare, l'activité explosive se produisait dans deux cratères simultanément, Showa et Minamidake. Image: MBC

2- l'activité explosive projette de temps à autres des fragments incandescents. Ce fut particulièrement beau la nuit du 01 au 02 mai, lors d'une phase longue d'environ 1 heure au cours de laquelle des projections très fortement incandescentes furent produites par le Showa. Cela suggère la participation d'un magma juvénil, mais c'est l'analyse des cendres qui révélera si cela est vraiment le cas ou non.


Une belle phase éruptive dans la nuit du 01 au 02 mai. Image: MBC

Projections fortement incandescente dans la nuit du 01 au 02 mai. Image: MBC

Parfois, entre deux explosions, le fond du cratère Showa est le siège d'une incandescence mais ce n'est pas un phénomène continue. Par contre les émissions de cendres, elles, sont presque permanentes depuis début mai: l'idée selon laquelle l'activité en cours trouve son origine dans l'arrivée d'un magma neuf se renforce donc, bien que les informations du JMA n'en parlent pas pour le moment.

Cette activité de la nuit du 01 au 02 mai a donné lieu à une belle photo, en pause longue (ce qui accentue l'effet "dramatique" et spectaculaire de l'image), photo qui indique que, comme souvent, des éclairs sont présents dans les panaches.

L'activité dans la nuit du 01 au 02 mai fut assez soutenue. Image: auteur inconnu, via Asahi Shimbun

La situation reste à suivre, bien entendu, car avec cette crise l'activité avait été totalement calme depuis juillet 2016.

Sources: MBC; Asahi Shimbun

Nyamulagira, République Démocratique du Congo, 3058 m

Le dernier bulletin de l'Observatoire Volcanologique de Goma indique que lors d'un survol de contrôle effectué le 26 avril dernier, l'activité restait similaire à celle précédemment observée: un petit spatter-cône associé à une effusion qui remplissait le fond du Pit Crater de coulées de lave.
Il semble toutefois qu'au moment de ce survol, l'activité observée était dans ses derniers instants car les données du MIROVA indiquent que depuis fin avril l'édifice émet de moins en moins de rayonnements thermiques, signe d'un déclin. 

Le déclin de la puissance des rayonnements thermiques produits est bien visible sur les graphiques du MIROVA. Image: MIROVA


Ceci est confirmé par les données du satellite SENTINEL 2 du 28 avril qui ne détecte plus qu'un très faible rayonnement, issu de la surface du champ de lave en cours de refroidissement qui occupe le fond du Pit Crater.
Une petite comparaison de deux images, l'une faite avec les données du 04 avril l'autre avec celles du 28 avril, permet de constater simplement ce déclin.

Rayonnement thermique intense début avril, quasi inexistant et correspondant à une émissions résiduelle (refroidissement) le 28 avril. Images: SENTINEL2 -ESA/Copernicus

L'activité, qui avait débuté fin 2016, a donc pris fin semble-t-il.

Sources: MIROVA; SENTINEL 2-ESA/Copernicus; OVG

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