27 juin 2017

Le point sur l'activité des volcans Karysmky, Masaya et Nishinoshima

Karymsky, Russie, 1513 m

Le KVERT continue de décrire des émissions de cendres, repérées aussi par le VAAC de Tokyo, qui indique que leur altitude se situe aux alentours de 3000 m environ. Pour cette raison le KVERT maintient une alerte aviation à l'orange, bien que l'activité ne soit pas extrêmement intense.
Alors certes il semble que la fréquence des explosions soit relativement faible (pas d'estimations) mais par contre les images satellites semblent indiquer que les panache produits contiennent des quantités assez importantes de cendres. Elles montrent en effet les alentours de l'édifice "salis" par les chutes de cendres, formant une très belle "fleur de cendres" au passage, jusqu'à des distances respectables, supérieurs à 20 km du sommet de l'édifice, où se déroulent les explosions. Or pour laisser de telles traces, chaque explosion doit produire plusieurs centaines de milliers de m3 de cendres, ce qui n'est pas négligeable.

L'activité explosive en cours arrose de cendres le paysage alentour au gré du vent, formant cette belle fleur de cendres. Image: LANDSAT 8 - NASA/USGS

Pour le moment, l'activité reste donc plutôt modérée.

Sources: KVERT; LANDSAT 8 - NASA/USGS; VAAC de Tokyo

Nishinoshima, Japon, ~100 m

L'activité, toujours strombolienne, reste visiblement importante. D'une part elle maintient une effusion en direction de la côte ouest et le front de cette coulée continue de gagner, très progressivement, de la surface sur l'océan Pacifique. Les explosions, de leur côté, continuent de couvrir le cône actif de blocs et bombes à haute température, ce qui le rend bien visible aux infrarouges sur les images satellites. La coulée émerge au tiers de la hauteur du cône, sur le versant ouest. Globalement elle semble rester stable, avec une effusion plutôt modérée et une activité explosive soutenue.

L'activité strombolienne vue par satellite le 26 juin. Images: LANDSAT 8 - NASA/USGS, traitée par le GSI

C'est vraiment une très belle activité, et ça fait quand même envie d'aller jeter un coup d'oeil...

L'activité strombolienne sur le cône, vue le 16 juin. Image: Kazuyoshi Miyoshi

Sources: LANDSAT 8 -NASA/USGS via GSI; Asahi Shimbun, via Shérine France

Masaya, Nicaragua, 635 m

L’éruption se poursuit, toujours tranquille puisqu'elle ne produit actuellement que le petit lac de lave au fond du cratère Santiago. Tranquillité relative toutefois car la surface du lac en question est toujours très vigoureusement brassé par le dégazage.




L'INETER ne rapporte pas dans ses bulletins d'informations précises quand aux différents paramètres et leur évolution, mais indique que, globalement, tous les paramètres sont normaux actuellement. On peut toutefois noter que le niveau du lac diminue à nouveau depuis déjà plusieurs mois. L'une des questions qui se pose est de savoir si cette diminution est progressive ou si elle se fait par à coups...ou si c'est un peu les deux à la fois. Le niveau a subit une variation visiblement assez marquée au cours de la seconde quinzaine d'octobre 2016. Début 2017 il est resté globalement assez stable mais depuis la fin du moi de mai il semble à nouveau connaitre une baisse de son niveau, à tel point qu'il ne sera bientôt plus visible à la webcam si la situation se maintient telle qu'elle.

Variation du niveau du lac de lave entre janvier et juin 2017. Images: INETER

Comme le lac est toujours bien brassé, signe que le dégazage reste important, cette évolution est peut-être d'abord dûe à des modifications de paramètres externe à l'activité elle-même, mais qui peuvent la modifier. Cela peut-être simplement des changements progressifs de la forme du système de plomberie par exemple: la circulation du magma dans la colonne qui relie la surface du lac au(x) réservoir(s) n'est en effet mécaniquement pas neutre, et une érosion peut se produire par une succession de petits éboulements. 
Une autre possibilité serait que l'activité elle-même change progressivement: bien que le dégazage soit visiblement toujours très important, il n'est pas facile de quantifier, grâce aux seules images webcams, l'intensité du brassage. Il est toujours important, certes, mais l'est-il autant qu'avant? Autrement dit: y-a-t-il vraiment autant de gaz libéré maintenant qu'il y a quelques mois?
Cette seconde hypothèse est vraisemblable: comparez par exemple la vidéo ci-dessus à celle que je met ci-dessous: vous verrez que le brassage semble bien plus intense sur les images prisent l'an passé. Mais "vraisemblable" ne veut pas dire "vraie" et des mesures directes seraient le meilleur moyen de le savoir.


A noter que Robin Campion avait fait des mesures en mars 2017, et détectait un niveau de SO2 identique à celui mesuré lors de sa campagne de 2016. Il notait par ailleurs une baisse du niveau du lac, qui se poursuit donc actuellement, et une augmentation de sa surface, résultat de l'érosion progressive des bords (un peu comme au sommet du Kilauea par exemple).

Il y a très  probablement d'autres explications possibles à ce progressif changement mais pour l'heure je n'ai rien lu qui donne des explications claires à son sujet. Probablement un mixe entre plusieurs paramètres, comme souvent...mais encore faut-il savoir si c'est bien le cas et, si oui, quels paramètres?

A suivre.

Sources: INETER; Kubes 77; Le blog de Robin Campion

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire